Féminin Pluriel 2023
Exposition collective de femmes
Christine Bry > peinture
Françoise Houze > art textile
Annick Leroy > sculpture
Du 23 janvier au 10 mars 2023
VERNISSAGE 23 JANVIER à 18h
En présence des artistes
Mercredi 8 mars à 18h,
Soirée à l’occasion de la journée internationale pour les droits des femmes
Espace Envol - Boulevard de la Chaumette - Privas
Contact : communication@folardeche.fr
04 75 20 27 04
Christine est habitée de visages énigmatiques
et de mers intérieures qu’emportent les nuages,
paysages mystérieux à l’attraction magnétique.
Françoise est habitée de moirures, dorures et gaufrages,
sur ses tissus précieux qu’elle crée en patiente alchimie
de couches de peinture, de tulles, de froissements…
Annick est habitée d’élans, de mouvements,
de personnages touchants dans leur humanité
qu’elle sublime dans le bronze, avec intensité et émotion,
dans des attitudes à la fois charnelles et graphiques.
Elles sont femmes et artistes.
Elles nous nourrissent de leur imaginaire, de leur créativité,
mais tant d’autres femmes encore, dans le monde,
sont privées d’expression, d’éducation, d’autonomie…
La cause des femmes avance
Mais qu’il est long le chemin vers l’égalité et le respect…
Annie Sorrel
CHRISTINE BRY
Á propos de mes dernières toiles
Les visages et les corps ont longtemps retenu mon attention de peintre. Je pensais que la quintessence du monde se situait là : dans les yeux des femmes et des hommes, sous leur peau, dans leurs mains. Je pensais que la peau humaine représentait un paysage absolu, parce que ce paysage contenait le plus grand des mystères. J’osais me confronter aux géants (Piero Della Francesca, Velasquez, Rembrandt, Courbet ou bien Balthus, Hopper… pour n’en citer que quelques-uns). J’étais ambitieuse.
Maintenant que je le suis-je moins, la lumière recommence à me fasciner, comme tous les peintres, du plus modeste au plus célèbre. Il m’arrive même de fermer les yeux pour mieux la percevoir.
Je reste là simplement sans penser, attentive à ce qui passe, passe et repasse. J’ai l’impression que les visions d’un temps immémorial remontent : un temps où je patientais dans le sein de ma mère, protégée, attentive aux lumières qui filtraient à travers la paroi de chair. Là, personne n’a jamais rebroussé chemin. L’idée de ces visions me hante pourtant. Et j’aime croire que les réminiscences de ces temps anciens me guident lorsqu’un flux de couleurs anime mes pinceaux, mes chiffons ou mes doigts.
Ce flux m’entraîne dans son courant magnétique, magmatique oserais-je dire. Il semble surgir de loin, du fond des galaxies, d’un je-ne-sais-quoi auquel je me sens reliée.
Mes “Tondi” et mes “Polyphonies” en témoignent.
Mais plus tard ces visions s’estompent. Le brouillard monte. Un lac peu à peu se déploie que mes pinceaux laissent venir lentement. Il est cerné de hauts cols et de cimes. Et dans le ciel brille la lune.
Je suis au cœur d’une nuit enfouie dans la mémoire. Elle suggère que nous ne sommes rien, seulement fragiles, vulnérables, arrogants aussi. Que l’orage pourrait nous broyer malgré les grandes sentinelles, plantées ci et là, des lignes à haute tension dont nous sommes fiers, des guetteurs.
Qu’attendent ces guetteurs ? La fin de ce monde ? Le retour d’un temps immémorial ? Ou tout simplement le lever du jour ?…
Christine Bry
Françoise HOUZE
Découvrir le jardin secret de l'artiste à travers ses œuvres n'est pas chose aisée ni but vraiment recherché.La personnalité très forte de Françoise HOUZE se ressent à travers la symphonie picturale dont les formes, les couleurs, les lumières sont les artisans d'une musique qui enchante. Abondance d'œuvres de très grand format (2,40mx1,60m...), toiles libres, sans châssis, accrochées sur des murs blancs, de pierres ou dehors ...de la matière au signe, ces œuvres parlent au toucher autant qu'à la vue..
Françoise HOUZE attache une importance essentielle au "support", la toile sur laquelle elle va appliquer ses couleurs est tout d'abord travaillée, pétrie, enduite, découpée, rapiécée, on y trouve des superpositions de diverses toiles, collées, accrochées.... Les couleurs sont également travaillées, toutes les techniques sont utilisées à l'exception d'une peinture toute prête , avec une prédilection pour le "gesso" utilisé non plus comme enduit mais comme couleur: un blanc mat au relief envoûtant. L'artiste est attentive à la lumière, la matière, la peinture pure qu'elle va transformer et au résultat du mélange des teintures.
La méthode de préparation revêt un caractère particulier, presque un rite: il s'agit tout d'abord, d'un face à face puis d'une osmose avec le support qui va être utilisé, l'artiste caresse la toile, la touche, s'en imprègne comme pour mieux la connaître, mieux l'apprivoiser, elle lui fait peur. La rencontre est tout à fait physique, sensuelle entre le peintre et le matériau sur lequel elle va appuyer son œuvre
Vient ensuite l'application de la peinture: une technique très personnelle, jamais de chevalet F. HOUZE pose à même le sol ses grands formats et étale ensuite ses couleurs, debout, à genoux, assise...le travail, gestuel au début, devient ensuite plus intime, le chaos est dominé par la connaissance technique et l'artiste entre dans un état de plaisir créatif qui est le propre même de ses compositions .
Les couleurs sont précieuses et mettent en évidence le caractère largement intuitif de ses choix en matière de lignes, elles sont étalées par bandes, par secteurs bien définis, la toile se construit au fil des cheminements visuels, l'espace est diffracté, le fond est en perpétuel mouvement, il ne cesse de rejaillir vers l'avant par un jeu de tâches, des points forts... La déclinaison des bleus parfois bordés d'or est caractéristique de la peinture de F. HOUZE. Elle souligne ses couleurs, les met en évidence dans des formes géométriques aux contours souvent flous (carrés, rectangles, essentiellement), une géométrie désordonnée mais équilibrée, qui place en évidence la facture de l'artiste et met en valeur la finesse de la pâte colorée, sa transparence.
Le contraste entre la matière lisse et des substances plus épaisses, granuleuses, insérées dans des espaces définis de façon imprécise mais apparente donne à l'œuvre un aspect de "non finito" sur lequel l'artiste semble pouvoir intervenir sans cesse, retoucher, remodeler, rajouter...
Dans un autre type d'œuvres qu'elle présente comme des livres de grand format qu'on aimerait feuilleter et qui pourraient être posés sur un lutrin, les feuillets sont placés les uns sur les autres, enveloppés dans un fragment d'étoffe. La conception optique du travail est ici soulignée par une écriture personnelle tracée , grattée, la toile semble repassée à la chaux puis réécrite, mais à demi effacée, presque illisible ...on découvre quelques fragments de mots , néo palimpsestes?? les couleurs sont ici plus foncées, des bistres bordés de doré , des parchemins sur lesquels le temps a posé sa marque, a effacé les paroles (secrets? Symboles? non dit ? questionnement sur le temps qui passe? pérennité? Anti-pérennité?.) Talent, technique, passion...
M.F . CALLOT
Annick LEROY
Pour moi une œuvre d’art est attachée à la notion de plaisir, et en ce sens j’aime qu’elle offre au spectateur beauté et poésie, mais aussi intensité et émotion. Mon approche de la sculpture est à la fois charnelle et graphique
Œuvre de chaire
Instinctivement, par compassion ou mimétisme, nous nous identifions à une forme humaine, nous vivons son attitude, l’émotion qu’elle dégage. Si je devais caractériser mon travail en quelques mots, je dirais que je suis un sculpteur figuratif contemporain et que je suis avant tout attirée par le mouvement. L’aspect contemporain est mis en relief par les mises en scène : décomposition du mouvement d’une symphonie, corps suspendu dans l’espace, ou par le choix des émotions : sdf sous sa couverture, femme fauve sur un tabouret... J’ai horreur du corps objet, je cherche l’intensité et l’émotion sans étalage de la chair, même si je représente parfois l’individu dans sa nudité. Je travaille beaucoup la géométrie des attitudes avant d’attaquer une pièce. J’analyse les lignes de forces, les convergences d’énergie. J’attache également une attention particulière au langage des mains et du visage. J’aime créer un échange de regard entre le spectateur et mon personnage.
En dehors de petites sculptures en bronze qui sont un peu mon laboratoire de recherche, je courre les commandes publiques. J’ai réalisé 2 fontaines pour un jardin à Honfleur, une jeune fille nue accroupie sous un parapluie et des oies qui crachent de l’eau dans une rivière (Honfleur – 2011). La reproduction en taille réelle de la photo de Charles Ebbets représentant des bâtisseurs de cathédrales modernes, que sont les grands buildings de New-York, a été l’occasion de réaliser une œuvre de grande envergure, mais aussi de produire un tableau troublant de vie. Si j’éprouve un intérêt certain à redonner vie à des personnages disparus (Bernanos - 2011, Jean Hameau - 2011, les sœurs Goadec - 2013), j’aime les challenges et l’aventure. Récemment j’ai accroché une sculpture sur un filin grâce à un contre-poids (Pontivy – 2013), et soudé un personnage en ferraille traçant son mouvement dans l’espace dans un style BD (Ar Milin – 2012)...
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